Une page fixe est disponible sur le blog - liste en haut de la colonne de gauche - sous le titre : Le journal "L'Internationale " 1983 - 1984. Elle regroupe tous les articles du blog reproduisant les textes publiés dans ce journal : éditoriaux, éléments des dossiers, archives - Vous y trouverez ainsi les textes de l'époque d'Action directe et d'autres organisations - au fur et à mesure de leur saisie .
EDITORIAL DE L'INTERNATIONALE nO 7
Encore une fois, nous publions essentiellement des textes tournant autour des thèmes restructuration et préparation à la guerre impérialiste. Cette restructuration étant d'ailleurs précisément conçue en vue de cette guerre.
L'élément central de ce numéro est constitué par le texte des Brigades rouges pour la construction du Parti Communiste Combattant, intitulé : "Les luttes de la classe ouvrière et la situation politique générale italienne", texte dont la publication intégrale se poursuivra dans le numéro huit de
l'Internationale. Elément central parce qu'il réunit trois préoccupations, qui sont essentielles pour le développement d'une politique communiste: l'analyse marxiste de la réalité - la politique révolutionnaire pour la construction des organisations de masse - et la lutte armée en tant qu'élément de destruction matérielle du capital. Trois objectifs essentiels dans la phase actuelle, trois parties d'un tout car prendre isolément un seul de ses éléments, conduit nécessairement aux impasses de la théorisation abstraite de l'ouvriérisme abstrait du réel ou de la déviation matérialiste. Trois éléments en interaction qui nous semblent présents dans le texte de la "direction stratégique des BR pour la construction du PCC". Trois éléments que définissait aussi le groupe communiste Action directe dans le texte que nous avons publié dans le numéro quatre de
l'Internationale. Trois points qui sont aussi au centre de cet instrument de lutte qu'est
l'Internationale. Trois éléments qui ne peuvent être toutefois en interaction que dans une dynamique organisationnelle - c'est-à-dire dans la volonté concrète et réelle de construire l'organisation communiste dans le dépassement de tous les errements du gauchisme à l'autonomie dans la mise en commun des moyens de lutte.
Mais aussi dans le refus du défaitisme bien à la mode en France et qui conduit toujours à ne voir que les aspects réactionnaires de la réalité que ce soit au niveau de la classe ouvrière ou à propos du rôle de la répression et de l'Etat. Ces attitudes défaitistes ne voient aujourd'hui dans la classe que ses aspects les plus rétrogrades: corporatistes, usurpés par le révisionnisme, antijeunes et racistes au lieu de se poser le problème du lien aux avant-gardes et de l'action des communistes sur l'ensemble de la classe, en répondant à la conscience aliénée par une pratique de rupture avec le capital et au chauvinisme par une pratique internationale. Ces mêmes attitudes défaitistes se retrouvent dans une perception de l'Etat paralysante où seule est perçue la répression en oubliant de voir les structures étatiques dans leurs limites, c'est-à-dire en tant qu'instruments au service des multinationales et n'existant que par la volonté du capital et ses nécessités de valorisation. Nécessités que traduit bien la note décernée par l'horrible petit professeur Barre aux gestionnaires de l'après 10 mai 1981 à propos des restructurations dans l'industrie sidérurgique "ils ont fait ce qu'il fallait faire, ce que nous aurions fait". Car de gauche ou de droite, l'Etat capitaliste est d'abord et évidemment celui des intérêts des capitalistes, non une structure arbitrant la lutte des classes, mais un mode d'organisation antisocial régissant dans une structure donnée l'exploitation d'une classe par l'autre. Or dépasser le défaitisme, cela veut dire reprendre confiance dans la potentialité révolutionnaire de la classe et cesser de voir un Etat tout-puissant et omniprésent. Bien sûr dépasser ce défaitisme n'est possible que dans la démarche active, vers la classe et contre l'Etat du Capital.
Ce dépassement de l'esprit de défaite n'est possible que dans une perspective de dépassement de l'individualisme au sens strict ou au sens de petits groupes.
L'Internationale veut aussi être un outil dont le but est de socialiser les pratiques et les expériences complexes et parfois contradictoires sans être opposées - existant à l'intérieur du mouvement révolutionnaire. Ceci est vrai en ce qui concerne les éléments les plus importants du mouvement européen: Br, RAF, Rz, AD etc. Mais ce n'est pas encore assez le cas de petits groupes qui ne s'adressent que peu à
l'Internationale - cela se veut un appel.
Peut-être est-ce un aspect d'une autre attitude à dépasser l'attentisme. Attentisme étant défini par une soi-disant volonté "d'attendre" que les conditions objectives de la lutte se réalisent d'elles-mêmes avec le temps, oubliant que c'est l'Homme (les hommes et femmes) qui font l'Histoire et qui transforment la réalité. Attentisme qui peut avoir aussi la forme apparemment plus subtile de refus de voir évoluer la réalité des groupes communistes les cantonant à des schémas statiques du style "action directe, c'est toujours comme en 1980", oubliant les scissions et la priorité donnée à
la lutte internatiole pour le communisme telle que la définit aujourd'hui cette organisation ; ou encore, les BR sont finies, écrasées par l'Etat, ne voyant pas que ce qui émerge aujourd'hui, c'est justement une organisation communiste capable de porter des coups cuisants à l'adversaire pour ne citer que Guigni et Hunt et en prise avec le mouvement réel du prolétariat métropolitain. Dépasser ces formes de l'attentisme, c'est aussi un préalable à une unification internationale des forces révolutionnaires, car ceux qui ne feront pas le pas, risquent de rester sur la touche, se situant eux-mêmes en dehors du mouvement réel. Car le seul dépassement possible de l'attentisme est de se lier dès maintenant aux expériences de luttes organisées, quitte à apporter des critiques, de l'intérieur de la structure de lutte, en participant au processus collectif d'élaboration de la ligne. Avis aux donneurs de leçons sur la touche ...
Dépasser défaitisme et attentisme, c'est la condition nécessaire dans la phase actuelle à l'unification internationale des tendances communistes en Europe de l'Ouest, processus concret possible seulement dans une dynamique collective.
Car il ne s'agit pas aujourd'hui de baisser les bras et d'attendre. Mener une politique internationale ne consiste pas à devenir des spécialistes de tel ou tel pays ou de faire de la "contre-information" ou du "soutien" aux mouvements de libération nationale ou un peu de tout en dilettante. Mener une politique communiste internationale, c'est aussi là où l'on vit, où l'on lutte, s'insérer dans une dynamique organisée pour le communisme en développant les trois éléments cités plus haut : l'analyse marxiste de la réalité, la politique révolutionnaire pour la construction des organisations de masse, la lutte armée en tant qu'élément de destruction matériel du capital, en apportant d'abord ses expériences, ses contacts, ses connaissances et en développant petit à petit dans un processus collectif, ce que l'on connaît moins par l'apprentisage réciproque. Pour nous, cela signifie aujourd'hui par rapport à la réalité "régionale" française, développer les pratiques possibles avec les avant-gardes du prolétariat métropolitain touché par la restructuration du capital, par définition en crise, parce que basé sur l'exploitation d'êtres humains conscients et aspirant à une Humanité vraie, donc toujours obstacles à la réalisation du capital. En mettant l'accent sur la réalité internationale du prolétariat exploité dans cette métropole: Turcs, Algériens, Sénégalais, Antillais, Français ou plutôt Lorrains, Bretons, Occitans, déracinés devenus tous enfants de la zone des déserts de béton des cités. Réalité internationale d'un prolétariat en lutte qui a les mêmes intérêts que celui de Milan, de Dusseldorf, de Barcelone. Prolétaire des métropoles, qui doit comprendre - et c'est là qu'interviennent aussi les communistes - qu'il n'est pas seul dans sa lutte, que la véritable Europe n'est pas celle des Parlementaires de Strasbourg, larbins au service des multinationales qui viennent de donner un brevet de démocratie à la Turquie en réintégrant dans leur sinistre assemblée les tortionnaires turcs - bons généraux de l'OTAN, mais celles des communistes développant le mouvement révolutionnaire en amenant ces prolétaires à profiter des expériences des autres foyers de lutte. La dimension européenne n'étant pas une limite mais simplement une entité recouvrant des similitudes et une homogénéisation que nous avons décrite par ailleurs dans d'autres numéros de
l'Internationale. Réalité européenne déterminée par l'OTAN, cette machine de guerre à laquelle l'Etat français social-démocrate est de plus en plus intégré, restructurant jusqu'à son armée en vue de mieux répondre aux besoins de ce pacte belliciste, où l'on retrouve la diretion impérialiste des USA et comme alliés de l'Alliance, l'Afrique du Sud et Israel. L'OTAN, pacte offensif dirigé par les USA dont nous décrivons certains aspects dans ce numéro. L'OTAN, comme forme militaire de l'organisation multinationale du capital, structure liée directement à l'étranglement économique de l'Europe par les USA en vue de les entraîner dans une nouvelle vassalisation économique et militaire.
C'est contre cette réalité qu'il importe aujourd'hui de s'organiser.
"Les communistes ne se différencient pas des autres partis prolétariens que sur deux points : d'une part, dans les diverses luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir des intérêts communs à tout le prolétariat et indépendant de la nationalité; et d'autre part, dans les diverses phases que traverse la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie, ils représentent constamment l'intérêt du mouvement total." K. Marx